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Jour 5 - Mi-temps

Photo du rédacteur: ThierryThierry

L'arbitre vient de siffler la mi-temps. Les équipes retournent aux vestiaires. Je viens de passer la moitié de ma quarantaine, c'est un peu comme faire le chemin aller. Il ne me reste que le retour. Vous avez tous déjà remarqué que les voyages "aller" semblent souvent plus long que les retours qui passent plus vite. J'ai trouvé plusieurs explications à ce phénomène souvent observé. La première réponse implique le fait que la découverte de nouveaux décors, de nouveaux univers, attire notre attention et donne au voyage une sensation de longueur. Au contraire, le retour étant maintenant connu, notre attention est relâchée et la sensation de temps parait plus court.

Des psychologues de l'université de Tilburg(Pays-Bas) ont une explication beaucoup plus subtile et convaincante (Psychonomic Bulletin & Review). Voici leur raisonnement. Quand on emprunte un trajet pour la première fois, on a, selon eux, souvent tendance à sous-estimer sa durée. Cette vision optimiste nous conditionne à notre insu. Plus on s'attend à ce que le voyage soit rapide, plus on risque de le trouver long. Au retour, la situation a changé. Cette fois, on se dit que le trajet va être long et c'est pour cette raison qu'on est surpris d'arriver aussi vite à destination. Niels Van de Ven et son équipe ont testé leur théorie. L' « effet du trajet retour » est tellement fort qu'il existe même si on emprunte pour revenir un autre itinéraire de même durée. Tout cela pour dire que j'espère vraiment que la seconde moitié de ma quarantaine sera plus rapide. Je confirmerai cette théorie avec plaisir dans les prochains jours.




Avec stupeur, et bonheur, je vois enfin un humain. Un vrai qui marche visiblement, librement dans la rue. C'est le premier depuis que je suis interné ici. J'ai même l'impression qu'il ne porte pas de masque ! La liberté de marcher à l'air libre. L'air frais chargé d'odeurs, me caressant le visage, manque terriblement. Cela me remémore ma première permission de sortie de l'École des Officiers de Réserves d'Evreux. Lorsque nous montâmes dans le train, une dame passa diffusant des vapeurs de parfums qui nous fit tourner la tête. Nous n'avions plus conscience des odeurs subtiles. Juste celles de la sueurs et des pieds déchirés, de l'huile de nos armes et de la cantine ou nous avalions notre déjeuner en moins de trois minutes. Un peu comme ici, mais l'action en plus.


Toujours le nez collé à la vitre glaciale, je remarque un arbre qui avait échappé à ma vigilance. Il est entouré d'un banc ou des gens, qui n'existent pas, pourraient venir s'asseoir. Je promets que ma première action d'homme libre sera d'aller le saluer et lui dire de ne pas perdre espoir. Un jour, peut-être, de vrais humains viendront le chérir.




J'aime beaucoup le dessin des symboles Hangul, l'alphabet sud-coréen. Sauf quand mon téléphone vibre à heures fixes en mentionnant une urgence absolue avec du texte uniquement en coréen. Pour le faire traduire, j'ai fait une copie d'écran avec mon téléphone. Le plus étrange dans cette histoire reste que ma copie d'écran a disparu du téléphone ! J'ai maintenant la certitude que les autorités ont accès à mon téléphone via les applications installés par les Humanoïdes de l'aéroport. C'est assez stressant surtout que je ne retrouve aucune trace des logiciels, qui restent invisibles comme les humains derrière ma vitre. Je vais certainement être contraint de tout formater et de tout réinstaller.

Mais nous verrons cela à la fin du Match. C'est parti pour la seconde mi-temps. T



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